Juste Comme Ça - 2


Je ne suis pas douillette, loin de là. Passé un certain cap, je ne veux plus. Non. Je constate seulement que tant de gens ont ce petit diable en eux qui non seulement refuse de s'éteindre, mais reste toujours sur sa faim, tout en se sentant comblé. Sans que cela ne soit paradoxal. C'est qu'il y a, au fil des millions, milliards de deuils quotidiens, dont tout ceux qui se passent dans notre corps même et dont fort heureusement nous ne prenons pas souvent conscience, un coup d’œil dans le miroir, une petite fièvre, un mal de bloc nous ramèneront brièvement à l'ordre. Pourtant, nous demeurons insensibles à l'ampleur de la catastrophe, loin des détails des luttes infiniment petites de la vie et de la mort, dont nous constituons le territoire, tout ce qui se joue pour ainsi dire à une autre échelle. Certaines maladies, plus cruelles, nous ouvrent une fenêtre sur ce monde qui apparait alors en partie, telles une porte ouverte sur l'enfer. Pour une bactérie, nous sommes un univers. Parfois, je me demande quel serait, dans un futur si lointain que je ne veux pas l'imaginer ou alors dans un instant, quel serait le meilleur temps pour mourir. Vraiment! Je fais cette niaiserie qui vous parait peut-être lugubre, mais qui au contraire est à la fois une sorte d'apprivoisement et d'éloignement. Chaque saison n'est pas la bonne, On oublie les saisons... le printemps, que l'on dit la première, la primavera. La vie qui resplendit, la terre, les tulipes, les couleurs, le vert lime, toutes ces promesses... Moi, manquer cela? L'été m'apparait comme la normalité de la vie planétaire, où tout ce qui a à pousser pousse, fleurit, murit, se mange ou se sème, l'un et l'autre, où on ne se bat contre rien pour entrer ou sortir de la maison, généralement. On n'y pense même pas.

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